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Graal et vin de noah : tu en prendras bien une petite coupe ?

  • Photo du rédacteur: JO
    JO
  • 26 févr. 2022
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 août

... enfin, surtout si tu as + de 18 ans !

Le Graal est l'objet, depuis de nombreux siècles, d'une quête mythique et mystique à la croisée des légendes et de l'histoire, du christianisme et du druidisme. Quand on parle de graal, on parle tantôt du "vase rayonnant" contenant un "breuvage d'immortalité", tantôt du calice qui a recueilli le sang du Christ sur la Croix. Qu'elle soit alchimique, métaphysique ou spirituelle, sa quête nous mène sur les chemins de la connaissance, de la clairvoyance, d'une transformation profonde, de la rédemption, voire de l'immortalité. Enfant des chaudrons celtiques autant que des vases orientaux contenant élixirs et breuvages magiques, le Graal désigne autant le contenant que le contenu. Et justement... Nous allons nous intéresser dans cet article à l'une des théories émises par Robert Charroux quant à l'une de ces liqueurs qu'il aurait pu contenir - le vin de noah, cuvée d'antan au pouvoir puissant et psychédélique avant l'heure... Mais, avant de nous servir à boire et tant que nos idées sont claires, arrêtons-nous un instant sur l’étymologie et l’origine, fort discutée, du mot Graal




Aux origines du mot Graal

Celui-ci est attesté sous une forme franco-provençale ou occitane issue d'un latin gradalis (« plat large et creux »), mais son étymologie la mieux établie est celle qui y voit un dérivé cratalis du latin cratis (« claie ») substantivé au sens de « récipient ».

En tout cas, il a été établi que le mot est lié à une réalité domestique et rurale ancienne avec des formes comme gré, greau, grial dans la région Est et Nord-Est et des formes comme graal ou grazal dans les langages franco-provençal et occitan.

Graal est parfois, et surtout dans les textes anciens, écrit « gréal », sorte d’abréviation de sangreal, qui signifie « sainte Jatte »[1], au sens que donne l’étymologie classique du graal.

Mais par ce nom, les « anciens romans » entendaient tantôt le saint vase où était le sang de Jésus-Christ (le « Saint Gréal »), tantôt le sang lui-même (le « Sang réal » pour « Sang royal ») :

graal, sang réal et vin de noah

« Tel est le domaine du Graal dont la quête conduit à l’immortalité et à la connaissance de soi dans l’amour du Tout… C’est cette recherche de l’Unité, cette exultation suprême qu’exige la fusion dans le divin qui projette la première image du Graal : le “vase rayonnant” contenant le “breuvage d’immortalité” : contenant et contenu s’absorbent dans le divin par une transmutation opérée au dernier échelon de l’échelle de Jacob ! » Patrick Rivière


graal et quête d'immortalité

Graal et gréal

graal et vin de noah, une quête initiatique

Robert Charroux évoque le gréal comme étant une boisson ancienne et merveilleuse : en effet, il explique qu’après la disparition des Atlantes, des Hyperboréens et des grands ancêtres aryens, dont la patrie d'origine était l'Amérique du Nord, les Celtes se sont trouvés « coupés du pays des dieux », c'est-à-dire de la source, de l'initiation et de la connaissance. Mais ils savaient que « par-delà le fleuve Océan, aux limites du monde occidental », on pouvait trouver le gréal, boisson merveilleuse des anciens pères ; de là, cette tentative millénaire pour retourner aux sources, cette prodigieuse queste du Graal qui, sous l'influence des idées chrétiennes, dévia de sa véritable voie, perdit toute son essence. Or, qu'était le gréal, enivrant, qui amenait la joie dans le cœur et les idées au cerveau ? Il était probablement à base de noah. D'où le lien entre graal et vin de noah... Tu suis ?


Du Graal au vin de noah, ce vin qui rend fou et aveugle

Ce noah avait la réputation de donner un vin qui rendait fou et/ou aveugle (on saura plus tard que cette crainte était liée à la présence de méthanol, plus importante que pour les autres cépages - mais en réalité, pas à ce point !) Ce fut en tous cas l’astucieuse raison qui conduit à éliminer ce véritable breuvage d'initiation aryenne, considéré comme un véritable graal. Même si ce vin n'est pas plus pernicieux que nos crus actuels à dose raisonnable. Il est devenu défendu de planter du noah, au même titre que du tabac ou du chanvre indien. Son bannissement est resté obscur car il n'a jamais été justifié, pas même par ses instigateurs.

Un site viticole vendant des pieds de vigne de noah précise notamment que, depuis la loi de 1934, le cépage noah a été interdit de vinification en France (tout comme 5 autres variétés : le clinton, l’herbemont, l’isabelle, le jacquez et l’othello) sous le prétexte que le vin de noah rendait fou ou aveugle. Déjà à cette époque, de nombreux professionnels vignerons se sont élevés contre cette interdiction qui semble avoir été, en réalité, motivée par d'autres critères :

  • Dans les années 1920, la France a connu une crise viticole majeure de surproduction qui a conduit à l’effondrement des cours. Comment limiter la quantité de vins produite ? Le monde paysan cultivait et produisait lui-même son vin, souvent avec des variétés rustiques, dont le cépage noah cultivé en treille.

  • De plus, durant les années 1930, la France a développé les appellations d’origine protégée et les grands bassins de production de vins ont fait entendre leurs inquiétudes quant à la production de ce vin paysan.

  • Enfin, il ne faut pas oublier qu'en plus de tout cela, le cépage noah est un cépage hybride américain….

Ainsi, pour plusieurs professionnels de la filière, ce seraient l'ensemble de ces ces raisons qui auraient, en réalité, poussé à l’interdiction de ce cépage, et des autres sus-cités.


Depuis que le décret d’interdiction a été abrogé en 2003, la production de cépage noah est à nouveau tolérée dans le cadre d'un usage particulier comme la consommation familiale. Il est même devenu de plus en plus populaire ces dernières années, avec l'avènement de la permaculture et la sortie du film Vitis Prohibita mettant en avant la résistance et l'utilité de tels cépages. Notons cependant que le noah cultivé actuellement d'un semis de Taylor réalisé par Otto Wasserzicher en 1896. C'est un cépage hybride producteur direct de Vitis riparia et Vitis labrusca. Cultivé pendant des décennies en France, on le retrouve à l'état sauvage en marge de certaines vignes, voire encore cultivé dans quelques parcelles ou établi en treille chez des particuliers. Ce n’est cependant pas forcément le cépage originel, tel qu’il était cultivé aux temps anciens auxquels Charroux fait référence.


vin de noah

Toujours est-il qu’aujourd’hui comme hier, le noah est le seul raisin qui fournisse du vin naturel. Les autres espèces étant sujettes à maladie, elles doivent obligatoirement faire l'objet de 3 à 20 traitements par le soufre, le sulfate de cuivre et autres produits chimiques, qui tous sont à base de substances vénéneuses. Le vin que nous récoltons est donc additionné de poisons et l'ivresse qu'il procure a sans nul doute perdu des qualités qui, en d'autres temps, la rendait sacrée aux yeux de certains peuples. En revanche, le noah et d'autres variétés disparues actuellement, semblaient véritablement susciter un délire analogue à celui procuré par d’autres plantes hallucinogènes.

Pour Robert Charroux, l'étymologie du mot vin donne à cette boisson son sens originel et perdu : vin dérive du sanscrit vêna = aimé, désiré, de la racine, vên qui dans les Védas désigne la liqueur spiritueuse et sacrée du sôma. Or, nous savons aujourd’hui que la nature même du sôma continue de faire l’objet d’études et de spéculations. Mais les dernières recherches penchent en faveur d’un champignon utilisé pour un breuvage passé au crible de 3 filtres assez particuliers : les rayons du soleil, la laine du mouton et... la vessie du prêtre, puisque c'est après que ce dernier l'ait bu (et donc via son urine) qu'on le consommait en réalité !


vin de noah et breuvage sacré

Quoi qu'il en soit, les vins de l'Antiquité ne ressemblaient sans doute aucunement à ceux de notre époque ; jadis, ils étaient vieillis au soleil, souvent additionnés d'eau de mer, d’épices diverses et même d'opium. De nos jours, la vigne hybridée, droguée, ne fournit plus de liqueur hallucinogène. Mais il est probable qu'en l'an -2000, il n'en était pas ainsi, et les Celtes au caractère jovial, facilement enclin à la vantardise, mais très brave au demeurant, devaient avoir une particulière vénération pour ce vin qui semblait décupler les forces et la bravoure. Il est vrai que la vigne ne poussait pas en Gaule : seuls les druides ou les prêtres devaient en cultiver pour les besoins secrets de leur sacerdoce. L’hydromel n'était qu'un ersatz et le véritable gréal était la boisson que les De’Danann d'Irlande avaient apportée jadis de la Mag Meld, la « plaine de la joie » située outre-Atlantique. Le noah, dernier vestige de la plante sacrée des Atlantes, est en train de disparaître, avec les vieilles coutumes ancestrales qu'il est de mauvais ton de mettre en honneur. Seuls quelques initiés, bravant la loi, continuent à faire pousser la vigne, dont le vin « rendait fou ».

Revenons cependant sur l’hydromel scandinave qui passait pour avoir une origine divine. C’est dire le pouvoir que devait avoir le vin de noah en comparaison !

En réalité, l’hydromel fait partie des alcools les plus anciens et existait en Chine en -7000. C’est une boisson à base d’eau et de miel fermenté que l’on trouve mentionnée dans des mythes de plusieurs continents.

Évoquée dans les mythes nordiques, hindous, grecs ou celtes, elle demeure une boisson associée aux dieux ou au paradis qui confère des pouvoirs bien particuliers (modification des états de conscience, clairvoyance, visions, dons de poésie, de science, immortalité…)



Sources :

Robert Charroux, Le livre de ses livres, Robert Laffont

Patrick Rivière, Sur les sentiers du Graal, Robert Laffont

Pour l’étymologie du mot « graal » : article Wikipédia ; article du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales.

Pour le noha, article Wikipédia (noha, cépage) ; site Viticabrol (noah raisin fraise)

Pour le sôma, article « Soma, l’Antique Enthéogène », blog Zamnesia

Pour l’hydromel, site La Soif du Temps, hydromellerie artisanale, L’hydromel, toute une histoire

Illustrations libres de droit, source Canva et Wix


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