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Tintin, une œuvre initiatique et symbolique

  • Photo du rédacteur: Jo
    Jo
  • 5 mars 2022
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 10 avr. 2022


Eh oui ! Tintin est, certes, une œuvre qui a traversé les générations et a été adaptée, grâce à cette célébrité, à de nombreux supports (dessins animés, films, produits dérivés…), mais c’est surtout une bande dessinée très réfléchie, qui cache en arrière-plan une multitude de symboles ! Suis-moi, tu vas voir…

Pour cet article, je m’appuie essentiellement sur les recherches de Paul-Georges Sansonetti, ancien chargé de conférences des hautes études à la Sorbonne, spécialiste de la littérature comparée à la mythologie, au cinéma et aux arts graphiques et auteur, qui a décrypté en détail cette œuvre monumentale. Il l’a abordée du point de vue de la Tradition Primordiale et notamment à travers le pôle, un lieu qui revient souvent dans les aventures de Tintin et qui est un thème central de cette Tradition.


Hergé ? Nom ou symbole ?


Tu le sais peut-être, mais Hergé est un pseudonyme. En réalité, le père de Tintin et de Milou s’appelle Georges Remi : mais il a choisi de mettre en miroir ses initiales pour créer son pseudo : RG. Soit dit en passant, il n’est pas anodin de voir que ce choix d’initiales se superpose à celles de René Guénon, théoricien de la Tradition Primordiale et premier grand ésotérique français. Et pour cause ! Quand Georges Remi (1907-1983) imagine les personnages de Tintin et Milou, en 1929, il a 22 ans. Et, pour ce faire, il va s’appuyer sur les premiers livres de René Guénon, parus 2 avant en mettant en quelque sorte à la portée des jeunes, des éléments de ses théories ésotériques. Car Hergé est très “branché” ésotérisme ! En fait, l'œuvre de Hergé et celle de Guénon sont parallèles et le père de Tintin va jouer, à travers les aventures de son jeune personnage, aux agents secrets de la Tradition Primordiale à l’usage (caché) des jeunes et des initiés.


Le Pôle et la Tradition Primordiale


Le pôle (Nord, s'entend) n’est pas, à proprement parler, un lieu particulièrement mis en scène dans les aventures de Tintin. Pour autant, ce pôle et ce qu’il représente sur le plan symbolique, sont omniprésents.

Mais commençons par expliquer ce que représente le pôle et son rôle central dans la Tradition Primordiale, dont nous avons parlé dans un précédent article.

Celle-ci repose, en effet, sur la doctrine des 4 âges, représentés par des métaux que l’on

utilise depuis l’époque des Grecs : l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge de bronze, l’âge de fer.

Tu feras d’ailleurs facilement le lien entre les 3 premiers métaux et les récompenses aux Jeux Olympiques...

Or, le pôle est une représentation de l’âge d’or, qui correspond aux riches heures des grandes civilisations.

Dans la théorie de Guénon, le fait que cette succession d’âges corresponde à une diminution de la qualité des métaux qui les représentent va avec le fait que, au fil de ces époques, la spiritualité et les pouvoirs d’une certaine supra humanité originelle (les grandes civilisations) ont également décliné. Rappelons en effet que pour Guénon, les vestiges des pyramides (qui indiquent d’ailleurs avec une grande précision le pôle) ne seraient qu’un résidu de la civilisation très avancée qu’ont pu incarner les Egyptiens, témoignant du fait que nous, humains, ne sommes en fait pas inscrits dans un processus d’évolution, mais d’involution, voire de régression, y compris sur le plan spirituel.

L'âge d’or représente, en quelque sorte, le Paradis terrestre, lui-même indissociable du pôle qui, pour les anciens, était le Centre suprême, associé au 111 représentant le sacré (1+1+1 = trinité).

Cette même Tradition Primordiale considère que ce Centre suprême s’occulte avec le temps et ne demeure qu’au travers de souvenirs, représentés par les différentes civilisations et peuples à travers des Centres secondaires comme Delphes (tradition grecque) ou Jérusalem (tradition judéo-chrétienne).

C’est essentiellement à travers la guématrie et des noms ou lieux cryptés que Hergé transmet, à travers les aventures de Tintin, ladite Tradition Primordiale - des aventures que Paul-Georges Sansonetti qualifie plutôt de “quête”, la quête de la Tradition Primordiale.


Symbolique du pôle dans Tintin


L’importance du pôle dans Tintin se traduit par l’omniprésence du nombre 111 en guématrie. Les exemples sont foison (nous consacrerons un article spécifique à ce sujet).

Mais, pour commencer simplement, voyons à quels moments ce Centre suprême apparaît en filigrane dans la bande dessinée.

Quelques exemples donc :

  • Le whisky que boit le capitaine Haddock porte la marque "Loch Lomond", or ce loch, de manière intéressante, a une forme de flèche qui indique le Nord… Dans “Tintin et les Picaros”, où ce whisky joue un rôle capital, il est amusant de voir que Haddock ramasse sa bouteille de whisky, la met devant ses yeux et crie “Iceberg” (p. 30)

  • La Castafiore, avant d’entamer l’”Air des Bijoux” du Faust de Gounod, chante la “Ballade du roi de Thulé”. Or, Thulé désigne le Centre suprême du pôle

  • Le sceptre, dans "Le Sceptre d’Ottokar", est un symbole de royauté qui représente également l’axe du monde, qui passe par le pôle, un axe symbolisé également par le méridien de Paris, lequel est en lien avec les Mérovingiens (or Tournesol cherche un tombeau mérovingien à Moulinsart)...

Les doubles chez Tintin


Selon la Tradition Primordiale, en âge d’or, l'Être est double : il est à la fois corps de chair et corps glorieux. Il suffit de regarder “l'Homme de Vitruve” de Léonard de Vinci : c’est un homme représenté dans deux postures qui à la fois dans un carré (lequel, avec ses quatre points cardinaux, représente la Terre) et dans un cercle, qui symbolise le Ciel.

Ces doubles apparaissent sous plusieurs combinaisons dans Tintin. Tout d’abord à travers l’auteur :

  • Hergé est né sous le signe des Gémeaux ;

  • son père avait un frère jumeau ;

  • son pseudo renvoie à sa référence initiatique (Hergé / RG alias René Guénon).

Mais aussi à travers les personnages ou les objets :

  • le nom du héros, répétition de la même syllabe “Tin-Tin”

  • son binôme Tintin et Milou

  • sa propre duplicité, puisque Tintin est double : il est ce corps lumineux en latence qui doit, pour se révéler, se souvenir des origines, c’est-à-dire de l’âge d’or, qu’il arbore à travers la couleur de ses cheveux et celle de ses vêtements (nous y reviendrons)

  • les jumeaux Dupond et Dupont

  • le miroir de la Castafiore, instrument qui renvoie à la fois notre image en double mais inversée

Symbolique des personnages de Tintin et Milou


Tintin a un prénom qui sonne comme un surnom. De tous les prénoms masculins terminant par -tin, ce serait Célestin, pour Paul-Georges Sansonetti, qui serait le plus probablement le bon. En effet, Tintin est un personnage léger, qui incarne une certaine félicité : il ne fume pas, ne boit pas, est assez enfantin. Il ne se laisse pas marquer par son époque ou les événements, est toujours plein d’enthousiasme et sans égo. Il est équilibré, droit dans ses bottes, tel celui qui a trouvé le pôle, donc son propre centre, et ne craint plus rien.

Il incarne, sans le savoir, les vestiges de l’âge d’or. S’il porte parfois une chemise couleur jaune d’or (dans “Les Cigares du Pharaon”, point de départ de la véritable quête de Tintin) ou blanche, il est le plus souvent vêtu d’un pull bleu azur et d’un pantalon de golf couleur de rouille : il vient de l’âge d’or et il endosse l’âge de fer. Il a des liens privilégiés avec le ciel : il sait conduire tous les types d’avions, peut en tomber sans conséquence, sauter en parachute… il survit toujours. Son binôme avec Milou (mi-loup) fait 111 en guématrie et renvoie à Castor et Pollux.

Dans une interview, Hergé a révélé que Tintin a éternellement 17 ans (nombre sur lequel nous reviendrons dans le point suivant).

Tintin habite 26 rue de Labrador, 26 étant un nombre unique pour les mathématiciens car il est entre le carré (25) et le cube (27). C’est aussi la guématrie du nom de Yahvé dans la tradition hébraïque, le dieu unique capable de déployer l’Univers. Finalement, c’est un peu comme si Tintin vivait dans un espace intercalaire

Mais le 26 doit compter avec la suite de l’adresse : ici, le Labrador ne renvoie ni à l’animal ni à la région puisqu’il s’agit non de la rue du labrador mais de la rue de Labrador. Une personne, donc ? Pourquoi pas, puisque Labrador serait le nom de la personne qui a découvert ladite région (Lavrador, devenu ensuite Labrador) qui occupe le nord-ouest canadien et mène au Groënland en nous faisant regarder vers… le pôle.


Quelques brefs éléments chiffrés dans Tintin


Dans le christianisme la notion de Tradition Primordiale est présente à travers le Johannisme. En effet, si saint Pierre représente l’église extérieure (celle que tout le monde voit et connaît), saint Jean représente, lui, le côté ésotérique, caché, de l’église (pour l’Islam c’est le Soufisme, pour l’Hébraïsme c’est la Kabbale, etc.).

Lorsque saint Jean parle de la pêche miraculeuse (réf. au capitaine “Haddock”), il dit que saint Pierre a péché 153 poissons (référence à l’ère du Poisson qui a commencé avec le Christianisme).

Or, lorsque l’on regarde les blasons qui sont au-dessus de la porte d'entrée du château de Moulinsart, on y voit un poisson couronné.

153 est un signe connu par Hergé, qui était initié au Johannisme. Tintin a volontaire 17 ans, selon son “père”. En faisant le déroulement de nombre 17 (technique inventée par les Grecs consistant à additionner chaque nombre, de 1 à celui qui nous intéresse) : 1+2+3+4+5+...+16+17, on obtient 153.

De même, quand les personnages arrivent au château de Moulinsart et descendent dans la crypte (Kruptos en Grecs qui veut dire “caché”) Tintin aperçoit la statue de Jean l’évangéliste et explique au capitaine Haddock qu’il s’agit peut-être d’une ancienne chapelle. Dans son explication il dit 3 x le mot “évangéliste” et 6 x le mot “aigle” sur la même page ce qui à un sens : en effet, la guématrie du mot “évangéliste” fait 119 et celle du mot “aigle” fait 34 et 119+34= 153, un autre preuve que Hergé nous raconte, à travers Tintin, la quête de la Tradition Primordiale.




Comme tu as pu le voir à travers ces quelques exemples, les symboles qui se cachent dans Tintin sont à la fois surprenants et complexes. Au même titre que la plupart des contes de fée, de ceux de Perrault ou des Fables de La Fontaine, ces aventures modernes ont été conçues comme un parcours initiatique, d’autant plus insoupçonnable que c’est une œuvre qui a connu un succès immense sans que les lecteurs ne réalisent qu’elle possède un autre niveau de lecture.


Mon conseil : l’interview de Paul-Georges Sansonetti, sur BTLV, me semble une première approche intéressante si tu souhaites rentrer davantage dans les détails, avant de te plonger dans la lecture de son livre !


Sources :

  • Paul-Georges Sansonetti, Hergé et l'énigme du Pôle, l’incroyable face cachée de la plus célèbre bande-dessinée, édition Mercure dauphinois, 2011

  • Bertrand Portevin, Le monde inconnu d’Hergé, Dervy, 2008

  • Jacques Fontaine, Hergé chez les initiés, Dervy, 2001

  • Etienne Badot, La clé alchimique de l'œuvre d’Hergé, éd. La Pierre Philosophale, 2016

  • Olivier Reibel, La vie secrète d’Hergé, Dervy, 2010





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